Ça commence comme une série de télé (mais tout est vrai)...
On était 4 filles, les 3 premières se connaissaient depuis toujours, moi j'ai rejoint la bande vers 14 ans....on a partagé la même musique (Les Beatles), les mêmes films (des films intellos, pas sous titrés comme "le pas suspendu de la Cigogne"), les mêmes bouquins (Dieu KUNDERA; le seul, l'unique...), les virées shopping au milieu des cagoles, les surnoms débiles et les petits mots sur les agendas, les coups de fil qui durent des heures pour rien.....fait des weekends pyjamas, des gâteaux de Noël pendant des années - qu'on a envoyé à notre copain Stan bloqué sur le Charles de Gaulle-, puis on a eu notre bac, choisi nos facs, connu nos premiers chéris sérieux (certaines avant d'autres), eu notre permis (certaines bien longtemps après les autres...hum hum), certaines sont parties à l'étranger (je me souviens de cette semaine mémorable à Grenade), puis les premiers se sont installés..on a fait nos premiers réveillons fortement alcoolisés, connu des coups durs (un décès, un divorce)....mais on restait toujours relativement soudées, par groupe de 2, reliées entre nous....par courrier, téléphone.....puis la vie de couple pour tout le monde, le premier boulot et la fin de la vingtaine...enfin on réveillonnait à 8 dans notre appart.....en même temps, de nouvelles amitiés extérieures se sont crées...un peu d'air...
Et d'un coup tout a basculé: une annonce de naissance chez les uns , une perte chez les autres, un mariage face à une séparation ...bref une amitié de presque 18 ans n'a pas passé le stade de la maturité...les petites jalousies, les crasses, les mauvais mots.... et surtout des mots pas trouvés .... des silences quand ça fait trop mal...
Celles qui se connaissaient sur les doigts de la main sont devenues de vagues connaissances ...Et comme d'habitude, la moins politiquement correcte du groupe a juste dit NON...non à l'introduction de l'homme dans le cercle des non dits et des mesquineries.... non à la photo à 8 immuable....
J'ai du assumer mes choix...il ne connaît que les parents de mon filleul (AL bien heureusement est toujours ma meilleure amie, presque ma famille) , alors que nous sommes 2 sur 4 à vivre à Paris.... Je n'ai pas eu besoin qu'il soit adopté par le groupe...j'ai quitté le groupe...et rien n'a changé..les petits gâteaux de Noël se font à 3, les non dits envahissent les conversations et c'est un peu la course au bébé....
Mes amitiés extérieures ont eu le temps de grandir, j'ai mûri grâce à cette expérience, et même si mes souvenirs d'ado sont un peu morts quand j'ai coupé les ponts, j'apprends qu'être adulte c'est renoncer à ses rêves mais aussi rencontrer des gens avec lesquels on construit au quotidien et pas sur le passé.....
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